
Pendant leur expérience de mort imminente, de nombreuses personnes[1] ont revécu leur vie en présence d’un « être de lumière ». La question était : « qu’as-tu fait de ta vie ? » Plus précisément la question semblait être : « as-tu agi par amour ? » ou : « comment as-tu aimé ? »
Cette revue de vie a jeté une lumière totale sur la motivation de leurs actes, sans aucune dissimulation possible. Les expérienceurs disent s’être senties dé-voilés? C’était comme si on leur enlevait tous les masques et les étiquettes derrière lesquels ils s’étaient cachés durant leur vie.
Ils insistent souvent sur la précision de cette revue de vie. Comme si chacune de leurs pensées, de leurs paroles et de leurs actes revenaient devant eux. De plus, ils perçevaient les conséquences de leurs paroles et de leurs actes sur les personnes concernées. Le bien que cela a pu leur faire ou la souffrance qu’elles ont vécue.
La vérité, mais pas de jugement
Les expérienceurs insistent tous sur le fait qu’aucun jugement n’émanait de « l’être de lumière ». Si jugement il y avait, c’était celui des personnes elles-mêmes sur leur propre vie. C’était un moment de totale vérité, parfois très douloureux pour la personne qui le vivait. Mais cette vérité était étalée sur une toile d’amour, de bienveillance et d’acceptation inconditionnelle.
« Il n’y avait personne pour me condamner, sauf moi. La Lumière ne me jugeait absolument pas. Elle n’était qu’amour et compréhension. »[2]
« C’était un processus d’apprentissage, pas un tribunal.Le seul juge de l’affaire c’était moi. »[3]
C’est un élément des EMI qui suscite souvent de l’incompréhension ou des critiques de la part des personnes qui les entendent. L’idée d’un jugement et d’une rétribution est tellement ancrée dans nos cultures et nos psychologies que nous avons du mal à l’abandonner.
Une absence parfois difficile à accepter
Nous avons souvent un double sentiment, plus ou moins conscient :
- S’il n’y a pas de jugement, à quoi bon faire son possible pour agir de manière « juste » ? C’est la porte ouverte à l’anarchie, à la loi de la jungle !
- Les gens que je n’aime pas parce que je trouve qu’ils se conduisent « mal » ne seront donc pas punis ? Ce n’est pas juste … Et moi qui fais tant d’efforts pour me comporter correctement ou, en tout cas, mieux qu’eux …
Sur le premier point : au contraire les expérienceurs reviennent meilleurs et décidés à aimer comme ils se sont sentis aimés. Raymond Moody explique : « ceux qui reviennent de cette expérience ressentent un immense et urgent désir de changer de manière de vivre. Ils veulent consacrer beaucoup plus de temps et d’énergie à aider les autres et à se réjouir de l’amour qu’ils reçoivent et donnent. »[4]
Une révolution
Le second point nous invite, effectivement, à un vrai retournement. Ce n’est plus l’idée d’une évaluation, d’un classement des « gens bien » et des autres qui nous conduit, avec une peur plus ou moins consciente d’une sanction. Quand nous réalisons que l’Univers est constitué d’un amour inconditionnel et que nous sommes aimés inconditionnellement, nous ne pouvons qu’aimer à notre tour.
En outre, si je fais souffrir quelqu’un, c’est par peur, parce que je suis moi-même en train de souffrir ou par non-conscience des conséquences de mes actes. Tout cela n’appelle aucune sanction. Seuls l’amour et une conscience plus nette sont la bonne réponse. C’est cela qui me fera changer en profondeur.
un expérienceur illustre de manière spectaculaire la puissance de cet amour et de cette conscience des conséquences de nos actes. Il travaillait pour lune famille mafieuse. Lors de sa NDE il a vécu de l’intérieur toute la souffrance qu’il avait infligée à tant de personnes et à leurs familles. Cette prise de conscience l’a totalement bouleversé. Elle a changé du tout au tout sa conception du monde et de la vie. Miraculeusement, ses anciens patrons l’ont laissé partir, pensant probablement qu’il était devenu fou et donc inoffensif. Aujourd’hui, il travaille dans une association caritative. Il explique qu’il veut « compenser ce qu’il a fait ».
Absence de jugement n’est pas absence de conséquences
Une autre nuance peut être utile : absence de jugement n’est pas absence de conséquences. Une expérienceuse l’exprime très bien : « Ce qui comptait le plus n’était pas ce que j’avais fait pendant la vie physique mais qui j’étais, celle que j’étais à l’intérieur. Mon âme importait davantage que tous les actes physiques que j’avais accomplis. En d’autres termes, seul importait qui j’étais vraiment en mon âme à ce moment-là.
Ce qui ne veut pas dire que toutes mes expériences de vie physique n’avaient pas significativement contribué à former la personne que j’étais. En fait elles y avaient effectivement contribué. Et l’influence des actions physiques sur l’âme ne peut être négligée. On pourrait croire qu’on peut nuire à autrui, ou avoir de mauvaises pensées à l’égard des autres sans conséquences. Que ce n’est pas grave tant qu’on reste soi-même une belle personnalité. C’est faux. Cela change effectivement l’âme, on ne peut rien y faire. »
Ce témoignage nous dit que nos actions contribuent à influencer l’Être que nous sommes. Elles lui permettent, ou non, de grandir en amour et en sagesse. Et il est très probable que cela a des conséquences sur ce que nous serons dans l’autre monde : notre potentiel sera plus ou moins développé.
Et la réincarnation ?
Si l’on croit à la réincarnation, on dira aussi que nos actions et leurs conséquences influencent fortement notre évolution spirituelle et donc le nombre et la nature de nos réincarnations.
Et il y a aussi des témoignages qui parlent d’âmes qui se détournent de la Lumière par peur du jugement. Du coup, elles ne peuvent rentrer dans la béatitude. Certains précisent qu’elles restent dans cet état jusqu’à ce qu’elles comprennent qu’il leur suffit de se tourner vers la Lumière pour y entrer.
Nous avons du mal à concevoir un monde qui fonctionne de manière radicalement différente du notre. Nous ne pouvons pas non plus en comprendre toutes les dimensions et les implications dès maintenant. Pour autant, il est certain que les témoignages d’EMI nous invitent à quitter le monde du jugement, sur nous et sur les autres, pour entrer dans celui de l’amour inconditionnel, envers nous et envers les autres. C’est le meilleur moyen de vivre plus heureux et de construire un monde meilleur.
[1] Environ 20% des personnes qui font une EMI décrivent cette revue de vie, d’après Christophe Fauré « Cette vie et au-delà ».
[2] idem
[3] idem
[4] Raymond Moody dans « Lumières nouvelles sur la vie après la vie »