
Un nombre non négligeable d’expérienceurs vivent un état dépressif pendant une durée variable après leur EMI[1]. Une personne, par exemple, explique : « mon esprit a mis plus de temps que mon corps à se rétablir. Je suis restée très déprimée pendant de nombreuses années. J’ai souvent eu des idées suicidaires car le désir de rentrer « chez moi » était tellement grand. C’est la confusion qui a persisté le plus longtemps. J’avais peur, je trouvais douloureux et limitant d’être dans un corps. J’y suis toujours très mal à l’aise. J’ai toutefois appris à aimer ma vie, mon souffle et à en être reconnaissante »[2].
Plusieurs causes
Les raisons peuvent être multiples et se combiner :
- La difficulté à comprendre ce qui leur est arrivé et à se dire qu’ils ne sont pas devenus fous. Surtout si leur entourage et/ou leurs soignants leur laissent entendre que c’est le cas[3] …
- Le sentiment de solitude, la peur d’être ridiculisés et rejetés. La difficulté à partager ce qu’ils ont vécu avec des personnes qui les écoutent sans les juger.
- Le contraste entre le bonheur et la paix ressentis lors de leur EMI, la beauté de l’univers qu’ils ont aperçu et la réalité quotidienne de notre monde.
- Le sentiment d’avoir perdu une grande partie des connaissances et de la sagesse qu’ils possédaient pendant l’EMI. Pour certains le retour de la douleur physique ou d’un handicap qui n’existaient plus pendant l’EMI.
- La culpabilité d’avoir été ramenés à la vie alors que d’autres sont partis définitivement.
- La difficulté à donner du sens à leur nouvelle vie.
- Les séparations amicales ou même les ruptures de couples. C’est fréquent lorsque que les nouvelles valeurs et les nouveaux modes de vie des expérienceurs ne sont pas admis par leurs proches.
2 choses indispensables
Deux choses sont indispensables pour permettre une intégration harmonieuse d’une EMI :
Le temps : cela demande toujours des mois et parfois des années.
Un entourage familial, amical et des soignants qui aident la personne à intégrer son expérience et à en tirer les conséquences pour sa « seconde vie ».
Le second point est le plus important. Pim Van Lommel, médecin hollandais spécialiste des EMI, le souligne : « ce qui rend les EMI si difficiles à intégrer, n’est pas tellement leur contenu. C’est plutôt la réticence de la culture occidentale à admettre ce genre d’expérience spirituelle ». Il insiste sur la nécessaire formation des soignants à la prise en compte et l’accompagnement de ces patients particuliers.
L’engagement dans un groupe de thérapie, avec d’autres expérienceurs, accompagné par un professionnel spécialement formé serait également très utile.
[1] Il n’existe, à ma connaissance, pas d’étude à grande échelle qui permettrait d’évaluer cette proportion
[2] https://www.nderf.org/French/rachel_f_emi.htm
[3] Une étude australienne indique que 50% de la famille, 25% des amis et 85% des médecins refusent d’écouter les récits des expérienceurs. Sans même parler de les comprendre et de les accepter.
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