Cette légitime question se pose dès qu’on envisage que la Source de notre univers est un « Être » infiniment intelligent et aimant. Beaucoup en tirent la conclusion qu’un tel Être n’existe pas. Puisque s’il existait, il ne pourrait tolérer l’immensité des souffrances vécues par les êtres humains depuis l’origine.
Essayons de déplier un peu cette perspective.
Nous créons le Mal nous-même
Le premier point est d’être bien conscient que « le Mal » n’est pas une entité qui s’imposerait à nous et nous contraindrait à faire du mal aux autres contre notre volonté. Ce que nous appelons « le Mal » n’est que le résultat de nos propres pensées, paroles et actions. « Le Mal » est créé par nous, les humains. Nous en sommes les initiateurs, les auteurs, les acteurs et les responsables.[1]
Comment Dieu pourrait nous empêcher de faire le mal
À partir de là, la question devient : que se passerait-il si Dieu voulait nous empêcher de nous faire du mal les uns aux autres ? Comment cela pourrait-il se traduire ?
- Faudrait-il qu’à chaque pensée malveillante nous ressentions une telle culpabilité que nous la censurions ?
- Ou qu’une pensée aimante et apaisante vienne remplir notre esprit de force pour faire disparaitre notre mauvaise intention ?
- Qu’avant chaque parole ou geste violent nous recevions une décharge électrique ? Ou qu’un être surhumain vienne nous fermer la bouche et nous tordre le bras ?
- Et quand il s’agit de faire le mal en s’abstenant d’aider quelqu’un, faudrait-il que nous soyons poussés, contre notre gré, à faire ce bien, par une impulsion intérieure ou par quelqu’un qui nous prendrait par la main sans nous lâcher ?
Quelle serait notre liberté, notre créativité, notre beauté, notre dignité ?
En quoi serions-nous des êtres libres et responsables de leurs actes, une part de cette Energie infiniment aimante et intelligente ?
Une impasse
C’est évidemment une impasse : un tel Dieu n’aurait rien d’un Être d’amour. Ce ne serait que le surveillant tyrannique d’une foule d’irresponsables, ne pouvant être laissés seuls et libres même une seule seconde.[2]
À mes yeux, l’existence du mal ne prouve donc pas l’inexistence de Dieu. Seulement que, s’il existe un Dieu, il nous aime et nous respecte au point de nous laisser entièrement libres et responsables de nos actes.[3]
Un Dieu sur son Olympe ?
Certains peuvent aussi avoir l’image d’un Dieu qui nous laisse libres de faire le mal parce qu’il n’en est pas affecté. Comme les dieux de la mythologie grecque ou romaine, Il serait sur son Olympe et dirait : que les humains fassent le mal autant qu’ils le veulent. Je le regrette, mais ce n’est pas mon problème.
Dieu est en nous et nous en Lui
En fait, si : c’est justement son problème. Car Dieu est en chacun de nous et chacun de nous est une part de Dieu. Cela veut dire que chaque fois que nous faisons du mal à un ou plusieurs de nos semblables, c’est à Dieu que nous faisons du mal. Et chaque fois que l’un de nous souffre du mal que lui font les autres, c’est Dieu qui souffre avec nous et en nous. Dieu est infiniment proche de nos souffrances et de nos peines, comme de nos bonheurs et de nos joies. D’une certaine manière, je crois que Dieu souffre du Mal bien plus que nous, car il vit en permanence la totalité du Mal qui se fait dans l’humanité.
Je suis en chacun de vous
C’est le sens de la parabole de Jésus, dans l’Évangile de Mathieu, dans laquelle Dieu dit aux êtres humains : « j’avais faim, et vous m’avez donné à manger. J’avais soif, et vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli. J’étais nu, et vous m’avez habillé. J’étais malade, et vous m’avez visité. J’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”
Ou bien, au contraire : « j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger. J’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire. J’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli. J’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé. J’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”
Très surprises dans les deux cas, chacune des personnes concernées lui répond : « quand est-ce que nous t’avons vu et que nous avons agi de cette manière envers toi ? »
Alors Dieu leur explique : “chaque fois que vous avez agi envers l’un des plus petits de mes frères, pour lui faire du bien ou lui faire du mal ou le laisser souffrir, c’est à moi que vous l’avez fait.”
Nous sommes Un avec Dieu
Nous sommes tous une part du divin et que le divin est en nous. C’est pourquoi tout ce que nous faisons aux autres, c’est au divin que nous le faisons. Et aussi à nous-même. C’est le sens de cette autre phrase de Jésus : « celui qui a tué par l’épée périra par l’épée ». Le mal que nous faisons aux autres finit toujours par nous revenir, d’une manière ou d’une autre.
Parce que Dieu nous aime infiniment, il ne nous contraint pas à agir dans un sens déterminé. Il montre à ceux que cela intéresse l’infini de son amour. Et il nous appelle, inlassablement, à aimer autant et aussi inconditionnellement qu’Il nous aime.
La vraie question est : que faisons-nous de Son appel ?
[1] Ce qui n’empêche pas qu’il puisse exister des êtres non physiques qui se réjouissent du mal que nous faisons et nous incitent à le faire. Ceux que de nombreuses traditions appellent les démons.
[2] À mon sens, c’est aussi ce qui explique les EMI négatives. Celles dans lesquelles les expérienceurs rencontrent des êtres et des situations effrayantes, douloureuses, désespérantes. Car, dans l’autre univers aussi, Dieu respecte notre liberté. Il ne nous impose pas d’être avec Lui. Au contraire, il nous laisse libres d’être dans un « lieu » dans lequel Il n’apparait pas. Cela s’appelle l’enfer … Mais, à l’instant même où nous nous tournons vers Lui et demandons à revenir, Il nous conduit à Lui. C’est bien ce que décrivent la quasi-totalité de ces expérienceurs : dès lors qu’ils appellent Dieu, Jésus, Bouddha, Mahomet – ou toute autre figure positive et aimante – ils sortent de leur enfer.
[3] Pour ma part, l’existence de Dieu se « prouve » par les innombrables personnes qui ont rencontré cette Énergie infinie d’amour et en ont été marquées pour la vie. Je raconte dans cet article que j’ai moi-même fait cette rencontre.
Pour aller plus loin, je vous invite à lire l’article sur le livre de Nicole Dron « Comment as-tu aimé ? »