Les personnes en toute fin de vie semblent souvent avoir une sorte de connexion privilégiée avec l’Au-delà, Dieu, la Source, la Création. Elles ont un pied dans le ciel et un pied sur la Terre. Lorsque nous approchons de la mort et sommes sur le point de retourner à la Source, nos pensées et nos paroles sont alors connectées à ce changement de dimension. Lisa Smartt a étudié en détail les dernières paroles de mourants. Voici quelques extraits de son livre « Les dernières paroles au seuil de la mort – L’ultime étude sur la communication avec l’au-delà … »
Les grandes questions
J’ai demandé aux représentants religieux et aux personnels soignants des centres de soins palliatifs quelles étaient les questions les plus fréquemment posées en fin de vie. Tous m’ont répondu que la question récurrente était : « Et si le paradis et Dieu n’existaient pas ? » On leur demandait également : « Que va-t-il m’arriver dans les prochains jours ? Que va-t-il se passer après ma mort ? Est-ce que Dieu existe vraiment ? Est-ce que je vais aller au paradis ? »
Peu importe qui nous sommes ou comment nous avons vécu, nous devons tous pouvoir poser ces grandes questions et trouver nos propres réponses. Une pasteure qui accompagne des détenus dans le couloir de la mort raconte : « une des premières personnes que j’ai accompagnées était un vieux Texan grincheux. Il était assis dans un coin de sa cellule, le regard fixé au plafond comme le font beaucoup de gens quand ils sont sur le point de mourir. C’était comme si les cieux s’étaient ouverts et qu’il semblait voir quelque chose d’infiniment vaste. Ses yeux se sont soudainement écarquillés et son expression vieillie s’est transformée. Les yeux levés vers le plafond, il a balbutié : « Dieu est… plus grand… plus grand que tout ce que je pouvais espérer ou imaginer », tandis que de grosses larmes coulaient sur son visage. J’aurais juré qu’il voyait le paradis quand il a dit ça ! »
Une expérience souvent positive
Il y a une différence entre les mourants et les malades – et vous pouvez la voir dans leurs yeux. Quand les gens sont malades et qu’ils ont une température élevée, ils peuvent voir des choses. Mais il y a souvent une peur sous-jacente, parce qu’ils ne comprennent pas.
Alors qu’avec les personnes en fin de vie, c’est comme un processus. Un processus qui conduit les gens à un niveau différent. L’expérience de fin de vie est souvent vécue de façon positive par la personne. Les choses qu’elle voit, les changements qu’elle traverse : c’est comme un voyage. Cependant, il est clair que tout le monde ne se dirige pas vers le grand passage en toute tranquillité. Certains meurent en n’ayant jamais fait la paix, ni résolu complètement leurs problèmes de leur vivant, ce qui aurait permis une transition paisible.
Mourir comme on a vécu
Beaucoup de gens meurent comme ils ont vécu. S’ils étaient en permanence dans le contrôle et avaient du mal à montrer leurs émotions à leur famille et à leurs amis, ils semblent résister davantage. Beaucoup ont des problèmes non résolus avec leur partenaire ou leurs enfants, voire avec leur propre vie. Ils font des efforts incroyables pour résister au fait qu’ils sont en train de mourir et n’ont que très rarement ces visions qui apportent souvent le soulagement et du réconfort.
Des perles de sagesse à recueillir
Des perles de sagesse peuvent surgir lorsque nous écoutons attentivement les dernières paroles des mourants et que nous les posons par écrit. Le processus de retranscription peut nous aider à nous sentir plus proches de ceux que nous aimons, voire plus proches de la Source. Souvent, les personnes en fin de vie disent des choses qui semblent complètement absurdes sur le moment. Toutefois, des mois ou des années plus tard, vous pourrez trouver dans ces mots des indices prémonitoires ou des réponses à vos questions.
Écouter et honorer les dernières paroles de nos proches peut rendre le processus de transition plus facile. Les retranscrire peut s’avérer, en outre, guérisseur pour vous. Tenez un journal où vous noterez les mots et les phrases que vous entendez. Rappelez-vous que les propos qui semblent n’avoir aucun sens sont tout aussi importants que ceux qui en ont.
Notez les métaphores, les symboles, les phrases paradoxales et les répétitions prononcés par votre proche. Y a-t-il des répétitions de couleurs ou de formes ? Des références à des personnes ou à des endroits que vous ne voyez pas ? Il est possible qu’au début, les significations ne vous apparaissent pas clairement. Mais en retranscrivant les mots que vous avez entendus, vous y trouverez des associations réconfortantes et guérisseuses.
Laissez-vous émouvoir
Ce qui peut paraître dénué de sens pour un étranger peut receler pour vous une profonde signification personnelle. Certains propos peuvent faire penser à des rêves. Nous pouvons apprendre tant de choses en méditant dessus et en nous y associant librement. Notez ces mots dans votre journal et identifiez-vous à eux. Imaginez que ces mots sont ceux d’un oracle, ou encore des paroles de sagesse qui vous sont transmises comme cela peut être le cas à travers des rêves. Observez les images et les pensées que cela vous évoque. Vous pourriez être surpris et ému par ce qui se manifeste.
Le langage en fin de vie ouvre une voie vers une meilleure compréhension spirituelle de ce que sont la vie et la mort – et peut nous aider à développer des liens plus profonds avec nos êtres chers. Chaque mot que nous retranscrivons est une invitation à communiquer avec l’esprit de nos proches pendant leur transition.
Le voyage plutôt que le combat
Un grand nombre de praticiens dans le domaine médical utilisent la métaphore du combat : « Combattre la maladie et la vaincre ». Cette métaphore mène inévitablement à percevoir la mort comme un échec. En revanche, si nous utilisons la métaphore du voyage, alors chaque étape du parcours offre une occasion de croissance, de résolution et d’exploration personnelle. Par exemple, parler de la mort comme d’un voyage plutôt que d’un combat permet de voir un processus de transition où il s’agit davantage d’exploration et de découverte que de défaite.
La métaphore du voyage est un élément essentiel dans le langage des personnes en fin de vie. Les personnes disent être arrivées à la fin de leur voyage et, dans certains cas, être en partance pour un autre. Les rêves de voyage sont fréquents et transforment souvent la peur de mourir en un sentiment d’aventure ou d’émerveillement.
L’émerveillement en fin de vie
« C’est un endroit si beau, il brille comme des diamants, Maman, oh mon Dieu, Maman, c’est si beau ! » expliquait un enfant en fin de vie à sa mère. Les derniers mots de Steve Jobs allaient dans le même sens : « Ouah ! Ouah ! Ouah ! » On ne peut qu’imaginer ce qui a inspiré cette exclamation d’émerveillement. Peut-être sa perception s’est-elle élargie jusqu’à embrasser le même paysage magnifique qui avait poussé Thomas Edison à sortir du coma, à ouvrir les yeux, à regarder vers le haut et à s’exclamer : « C’est magnifique là-bas ! »
Les exclamations d’émerveillement se produisent fréquemment chez les personnes en fin de vie, faisant souvent référence à un endroit qui n’est pas visible pour les vivants.
La vie vaut la peine d’être pleurée
Cari Rush Willis a été présente au chevet de près de deux cents personnes en fin de vie, dont certaines dans le couloir de la mort. Elle confie : « Je dis toujours que les gens à la fin de leur vie ont un pied dans le ciel et un pied sur Terre. Les gars qui sont en train de mourir peuvent voir des choses qu’il m’est impossible de voir. Nier leur réalité est une énorme erreur. Il est essentiel que toute personne assise au chevet d’un mourant soit prête à entendre et à valider ce qui est réel pour lui. Il m’arrive de pleurer avec les gars dans les unités de soins palliatifs en prison. J’ai renoncé à tout ce que j’ai appris sur la notion de ne pas pleurer. Je crois qu’une vie vaut la peine qu’on la pleure. La plupart d’entre eux n’ont eu personne pour pleurer la leur ».
Un pasteur m’a raconté l’histoire d’une personne qui, à la fin de sa vie, s’est mise à parler de la grande soirée dansante à laquelle elle se préparait. Elle a demandé un bout de papier pour noter les noms des participants. Son fils, qui était également présent, a demandé à voir la liste, curieux de savoir ce que sa mère avait en tête. Tous ceux dont les noms étaient inscrits étaient des membres de la famille et des amis décédés. Mêlant la métaphore de la danse et la réalité pratique – son besoin d’un papier et d’un stylo –cette femme était en train de se préparer à partir.
De nombreux visiteurs
Les mourants évoquent toutes sortes de visiteurs. En voici quelques exemples représentatifs : « Qui sont tous ces gens là-bas ? » « Il y a tellement de monde ici. Je n’ai pas le temps de parler à tous ces gens. » « Mon père est mort un vendredi matin. Le mercredi précédent, il a passé tout son temps à parler, parfois à voix haute et parfois en marmonnant, en s’adressant à des personnes qu’il avait connues au cours de sa vie. C’était la chose la plus incroyable que j’aie jamais vécue. »
Des visions de foule ont également été rapportées par des enfants et sont susceptibles de réconforter leurs parents dans des circonstances les plus tragiques. Une jeune mère confie les derniers mots de sa fille : « J’avais 28 ans et j’avais une fille merveilleuse âgée de 6 ans et demi, très malade, qui souffrait d’un fibrosarcome de la machoire. Cela s’était développé en une énorme tumeur extérieure sur son beau visage et en une autre tumeur relativement grosse à l’intérieur de sa bouche. Elle s’est réveillée à 6 h 30 un lundi matin, et j’ai remarqué que ses petits ongles étaient bleus. J’ai su que la fin était proche. Je l’ai emmenée dans la cuisine pour lui donner un jus d’orange frais, elle adorait ça. Puis j’ai contourné la table et je me suis appuyée contre l’évier pour la regarder boire son jus.
C’est qui tous ces gens ?
Tout d’un coup, elle m’a regardée en pointant du doigt à côté de moi et m’a demandé : « C’est qui tous ces gens qui sont là, Maman ? » J’ai d’abord cru que je l’avais mal entendue, alors je lui ai demandé ce qu’elle venait de dire. Elle m’a répété : « C’est qui tous ces gens qui sont là, Maman ? » Et j’ai compris « qu’ils » étaient venus pour l’aider à partir (non, je ne suis pas croyante, ou pas spirituelle, si vous préférez). J’ai contourné de nouveau la table de la cuisine pour la prendre dans mes bras. Elle a été prise de spasmes, avant de sombrer dans un coma dont elle n’est pas revenue. Elle est morte à l’hôpital local quelques heures plus tard. Je n’oublierai jamais ce moment, jamais… il m’a apporté un peu de paix ».
Souvent un être cher
Si les personnes en fin de vie disent souvent voir un groupe de personnes, elles identifient le plus souvent un être cher en particulier, habituellement un membre de leur famille venu les ramener « à la maison » ou les emmener quelque part.
« C’était comme si mon père parlait à ma mère – décédée dix ans plus tôt – au téléphone, et que je n’entendais que son côté de la conversation. Il était tellement enthousiaste et heureux qu’il était difficile de croire que ce n’était que son imagination. Quelque chose de très réel semblait être en train de se passer. ».
La joie de se retrouver
Les retrouvailles sont souvent joyeuses. Non seulement elles réconfortent ceux qui sont en train de mourir, mais elles peuvent également rassurer les proches. Bien que ces « visiteurs venus nous emmener » demeurent invisibles pour nous, ils sont bien vivants pour ceux qui les voient. « Tu ne le vois pas là ? Le voilà ! », s’est exclamée une femme de 68 ans en s’adressant à sa fille en pointant du doigt le père de la jeune femme qu’elle voyait et qui était décédé dix ans plus tôt.
«Maman est là, je dois partir maintenant » est aussi une phrase que j’ai souvent entendue. Voici d’autres exemples que j’ai enregistrés. « J’étais dans l’autre pièce et j’entendais ma mère qui n’arrêtait pas de parler. Je suis allée la voir et je lui ai demandé à qui elle s’adressait. “Je parle à ton père !”, m’a-t-elle dit. Mon père était mort huit ans plus tôt. Elle semblait si heureuse. “Je me sens tellement plus calme maintenant, m’a-t-elle dit, je me sens beaucoup mieux maintenant.” »
«Ma mère s’adressait à mon beau-père qui était décédé quelques années plus tôt. Puis elle m’a dit à quel point elle se sentait mieux maintenant qu’elle l’avait vu. » « Un membre de ma famille avait fait un arrêt cardiaque et a survécu pendant quelque temps. Elle a raconté avoir vu son père, notre grand-mère, et nos tantes, qui étaient tous là, à l’attendre. Elle a dit se rappeler leur avoir expliqué qu’elle n’était pas prête, mais qu’ils lui manquaient et qu’elle les aimait ».
Écoutez de tout votre coeur
Si vous entendez votre proche parler d’un ami ou d’un membre de sa famille décédé, posez-lui des questions et soyez pleinement présent. Car il est possible que cela soit le signe que sa mort est proche, comme dans l’exemple suivant. « Cela a commencé quand ma mère m’a parlé d’une jeune fille en train de mourir qui avait eu des visions d’anges et de parents décédés sur son lit de mort. La jeune fille leur a parlé pendant un moment. Puis elle a dit aux personnes qui étaient à son chevet de ne pas s’inquiéter pour elle, qu’elle devait partir maintenant. Et elle est morte. »
Voici le témoignage d’une vision précédant la mort du comédien Sam Kinison, après une collision frontale en 2009. Carl LaBove, le meilleur ami de Kinison, roulait dans une fourgonnette derrière lui lorsque l’accident s’est produit. L’histoire a été publiée dans plusieurs journaux : « Au début, Kinison semblait n’avoir subi aucune blessure grave. Mais après quelques minutes, sans s’adresser à qui que ce soit en particulier, il a dit : « Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. » Plus tard, LaBove expliquera : « C’était comme s’il parlait à une personne invisible. Puis il a fait une pause comme s’il écoutait l’autre personne parler. Et il lui a demandé « Mais pourquoi ? » et après une autre pause, je l’ai clairement entendu dire : « D’accord, d’accord, d’accord. » Le dernier « d’accord » était si doux et paisible… Quelle qu’ait été cette voix qui lui parlait, elle a dû lui donner une réponse très juste, car Sam s’est complètement apaisé. Il lui a dit « d’accord » de façon très tendre, comme s’il parlait à quelqu’un qui lui était très cher ».
Les anges sont présents
L’une des nombreuses phrases qui m’ont poussée à m’intéresser aux dernières paroles en fin de vie fut celle que mon père athée avait dite peu de temps avant sa mort : « L’ange a dit : “Assez… Cela suffit… assez… assez… personne n’est à blâmer… pars maintenant…” ». Ces mots ont été prononcés par un homme qui ne parlait jamais des anges. Il tournait même cette idée en dérision et croyait fermement qu’il n’y avait rien après la mort.
Cependant, trois jours plus tard, comme les anges le lui avaient annoncé, « cela suffisait » et mon père est mort. Comment se fait-il que mon père, un homme si sceptique, ait vu des anges ? Comment a-t-il su qu’il allait mourir trois jours plus tard ?
Des figures religieuses aussi
Si les visions de personnes déjà décédées sont celles le plus couramment mentionnées dans les témoignages et les retranscriptions, certaines font aussi référence à des anges et à des figures religieuses. Une personne a par exemple rapporté : « Ma grand-mère, qui était très croyante, m’a dit avoir vu un autocar rempli d’anges, et ils s’apprêtaient à ouvrir la porte. »
Une autre personne a raconté qu’une femme en train de mourir avait décrit Jésus de façon si détaillée qu’elle en avait eu des frissons.
Une infirmière retraitée qui avait travaillé en service de soins palliatifs a témoigné des derniers instants de l’un de ses patients : « J’étais en train de le relever dans son lit médicalisé pour qu’il puisse mieux respirer. Il a levé les yeux vers le plafond et m’a dit : « Vous les voyez ? » Je lui ai répondu : « Non, monsieur. Dites-moi ce que vous voyez. » Il a levé son bras droit en pointant vers le haut : « Il y a des anges tout le long à droite, et là-bas, à gauche. Je dois partir maintenant. » Il a appelé sa femme qui pleurait dans la cuisine. « Carol, je dois y aller maintenant. Je t’aime. On se reverra. » Puis il a levé de nouveau son bras droit vers le plafond en disant : «Mon Seigneur, mon Dieu ! » Et il s’est affalé contre moi. Il était parti ».
Une musique magnifique
Dans les récits que certaines personnes ont partagés avec moi, il y a aussi des descriptions de musique et de sons magnifiques. « Ma mère m’a dit qu’il y avait de la musique : « C’est la plus belle chose que j’aie jamais entendue. » Je lui ai dit que ce devait être des anges. J’avais le triste pressentiment que nous partagions notre dernier moment ensemble dans cette vie. J’ai vu son visage s’illuminer, comme attiré par cette musique qu’elle entendait. J’ai ressenti l’élan de lui dire que j’allais bien et que tout le monde allait bien, et de lui donner la permission de partir. En la quittant ce soir-là, je me suis retournée. Je l’ai vue se redresser dans son lit et me faire un signe d’adieu. Elle est décédée cette nuit-là. Dix-huit ans ont passé, et j’ai encore les larmes aux yeux lorsque j’y repense ».
« Ma mère était dans un service de soins palliatifs. Pendant ma visite, elle était très bavarde et mentalement stable. À un moment, elle a soudainement arrêté de parler, a fixé le coin de la pièce, et m’a demandé : « Est-ce que tu entends cette musique ? Elle est si belle ! » Je lui ai répondu : « Non maman, je ne l’entends pas. De quoi parles-tu ? »
Le jour du coucher du soleil
Une voix intérieure semble émerger avec une clarté éclatante dans la fenêtre temporelle avant la mort, que les personnels soignants appellent « le jour du coucher du soleil », et les chercheurs «la lucidité terminale ». Le jour du coucher du soleil se produit habituellement quelques jours avant que la personne ne meure. Il offre à celle-ci durant quelques instants, voire parfois une journée entière, un soudain regain de lucidité et de vitalité ainsi qu’une apparence plus énergique.
Ce témoignage résume ce que j’ai souvent entendu dire : « Pendant les jours qui ont précédé sa mort, il est devenu lumineux. Son visage s’est éclairci et son regard s’est illuminé. » L’expression « le jour du coucher du soleil » est utilisée car ce regain de lucidité avant de mourir rappelle les rayons lumineux du soleil qui inondent le ciel au moment où il est sur le point de se coucher à l’horizon.
La lucidité terminale
Plusieurs des personnes que j’ai interviewées m’ont dit s’être trouvées au chevet d’un être cher qui ne réagissait et ne communiquait plus, et qui, juste avant de mourir, s’était assis et semblait pleinement conscient de ce qui se passait dans la pièce et des personnes qui s’y trouvaient.
« Ma mère était dans le coma depuis trois semaines. Un jour, elle a ouvert les yeux ; elle m’a regardé et m’a dit : “Dis à tout le monde que je vais bien et que je les aime.” Elle est morte environ cinq heures plus tard ».
Jordan White explique sa stupéfaction devant la cohérence dont sa mère a fait preuve quelques jours avant sa mort, quand elle s’est mise à parler des dossiers qui se trouvaient dans le bureau et qui contenaient toutes les informations financières familiales. La maladie d’Alzheimer dont elle souffrait avait entraîné la mort de cellules nerveuses et une perte de tissu cérébral. Son cerveau s’était considérablement rétréci avec le temps, ce qui affectait presque toutes ses fonctions. Sachant cela, il se demandait si le cerveau déficient de sa mère était vraiment à l’origine de ces derniers mots qu’elle avait prononcés avec une telle lucidité. Qui ou quoi lui avait parlé avec bienveillance pour lui dire où se trouvaient les dossiers, alors qu’elle ne s’était pas exprimée lucidement depuis tant d’années ?
Seulement de l’amour
Parmi toutes les personnes que j’ai interviewées sur le jour du coucher du soleil, personne n’a rapporté d’histoires ou de paroles dures ou malveillantes qui auraient été prononcées pendant ce moment de regain de lucidité. La plupart des récits évoquent des dernières volontés, comme l’envie d’un aliment préféré, un besoin de réconciliation de dernière heure, ou encore de déclarer son amour. Même chez ceux qui n’avaient jamais exprimé de tels mots au cours de leur vie.
La lucidité terminale se produit même quand le centre de la parole du patient a été détruit, et certains mourants ont même retrouvé une mobilité là où ils n’en avaient plus. C’est un domaine remarquable de la médecine qui n’a été que très peu étudié, même si de nombreuses anecdotes ont été recueillies au fil du temps. Ces récits peuvent suggérer une distinction fondamentale entre le cerveau, qui meurt évidemment, et le « soi » – l’utilisateur du cerveau – qui peut ne pas mourir.
Les défunts nous parlent
Parmi les personnes que j’ai interviewées, plusieurs m’ont dit qu’elles savaient que leur être cher décédé était toujours avec elles. Ces témoignages m’ont été rapportés par des gens issus de toutes les couches de la société qui ressentaient que les communications après la mort élevaient leur esprit et nourrissaient en eux une connexion plus profonde avec le Divin et leurs êtres chers.
Si de telles communications n’étaient que le résultat de l’imagination, auraient-elles cette capacité de nous consoler, de nous élever et de nous offrir une perception et une sagesse d’une telle profondeur ? Et observerions-nous tant de synchronicités et d’expériences partagées à des kilomètres et des heures d’intervalle ?
Lorsque vous vous trouvez au chevet d’un mourant, ouvrez votre coeur. Souvenez-vous que l’écoute est guérisseuse. En écoutant attentivement, vous découvrirez que votre proche peut vous offrir du réconfort et certaines connaissances – même si ses mots peuvent, au premier abord, sembler déroutants.
Les personnes en fin de vie ont besoin que nous soyons des auditeurs exceptionnels afin de se sentir comprises. Le langage des mourants est beaucoup plus compréhensible lorsque nous l’écoutons du plus profond de notre coeur. Chacune de leurs paroles est sacrée et doit être reçue comme un cadeau.
Pour en savoir plus, le site du Final Words Project, créé par Lisa Smartt
Sur le même thème, vous pouvez aussi voir l’article la Lumière à la fin de la vie, celui sur les expériences de fin de vie ou l’article sur le livre de Sylvie Cafardy et son travail avec les personnes en fin de vie